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Acquitté à Toulouse, il prend 18 ans à Montauban. Son avocat veut comprendre…

Acquitté à Toulouse, il prend 18 ans à Montauban. Son avocat veut comprendre…

Article paru dans "la dépêche du midi" du 05 octobre 2007:
Lien vers l'article sur LaDepeche.fr

Acquitté à Toulouse, il prend 18 ans à Montauban. Son avocat veut comprendre…
Polémique. Pereira : le verdict qui ne passe pas


Assommé. Tout autant que son client. Jean-Luc Forget ne se remet pas de ce verdict rendu le 8 juillet 2007 par la cour d'assises de Tarn-et-Garonne. 18 ans de réclusion pour José Pereira. Qui avait été acquitté deux ans plus tôt par la cour d'assises de la Haute-Garonne.« Juridiquement et humainement, qu'est-on en train de faire ? » s'interroge l'avocat.

L'affaire elle-même laisse planer beaucoup de zones d'ombres, de coïncidences, de contradictions, qui avaient logiquement bénéficié à l'accusé en première instance (lire ci-dessous).

« Mais j'ai le sentiment, explique Jean-Luc Forget, qu'un acquittement est une sorte d'échec pour les magistrats et policiers qui tiennent un coupable et à qui le jury populaire dit, finalement, vous vous êtes trompés. C'est pour cela que le parquet de Toulouse a fait appel. Ce n'est plus le procès de la vérité, mais l'institution qui cherche à se justifier. »

Et l'avocat de pointer tout ce qui a « plombé » son client. Tout d'abord, c'est le même avocat général que l'on retrouve d'abord à Toulouse, ensuite à Montauban. « Ensuite le verdict a été rendu dans la nuit du samedi au dimanche, à 2 h 10 alors que la veille, on avait entendu les experts jusqu'à une heure du matin et que certains témoins n'ont pas été ré entendus... Comment voulez-vous rendre une bonne justice dans ces conditions ? » demande Jean-Luc Forget. Qui, pour toutes ces raisons, a décidé de se pourvoir en cassation. Et d'attirer l'attention sur les pièges que peut comporter ce nouveau système des appels en matière criminelle sur des acquittements.

De son côté, en prison, le condamné José Pereira ne cesse de clamer son innocence. Une association d'amis a réuni près de 150 personnes, samedi dernier à Labarthe-sur-Lèze. Et tente de le soutenir du mieux qu'elle peut, au bord de cette oubliette béante.
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Un affaire digne d'un thriller...
L'affaire est complexe, mystérieuse, bizarre… À tel point qu'on la dirait tout droit sortie d'une série policière pour la télé, où l'enquêteur doit surmonter faux semblants et chausse-trappes pour deviner la vérité.

Ainsi, le 5 septembre 2000, on arrête José Pereira. Il est soupçonné d'avoir tué l'amant de sa femme. D'ailleurs, il s'est rendu sur les lieux du meurtre et on retrouve sur lui un couteau. Il avoue. C'est lui. Tout parait totalement limpide. Seulement voilà : très vite le scénario se lézarde… Dès son incarcération, Pereira revient sur ses aveux. « Ce n'est pas moi, je paye pour un autre », assure-t-il à son avocat.

Mais alors, pourquoi a-t-il avoué ? Il explique qu'il faut se replonger dans le contexte de la garde à vue. Les policiers l'interrogent sur le thème : « Si ce n'est pas toi qui l'as tué, qui c'est ? » Pereira est alors en pleine dépression à cause du départ de sa compagne. Il l'aime encore. Et il craint qu'elle ne soit accusée. Il finit par dire : « Si vous voulez que ce soit moi, marquez que c'est moi… » Ce qui sera retranscrit sur le PV : « Je suis l'auteur des faits… »

Deuxième hic : lors de la reconstitution ; les enquêteurs constateront eux-mêmes les contradictions entre les constatations et ses aveux. Ainsi, il dit avoir porté huit coups de couteau alors que l'autopsie en dénombre une vingtaine… On peut supposer que la victime, un solide gaillard, a pu vouloir se débattre ou se défendre pendant l'agression. Or, il n'y a pas la moindre goutte de sang sur Pereira. Qui, examiné par un médecin, ne présente ni bleu, ni coup, ni même la moindre griffure. Enfin, le fameux couteau ne porte aucune trace de sang… Pereira explique qu'il a bien vu la victime le jour du meurtre, mais qu'elle était déjà morte… Mais la mécanique judiciaire a la religion des aveux. Et les rétractations de Pereira ont été prises avec des pincettes.

« Du coup, tout un pan de l'enquête a été négligé, estime Jean-Luc Forget. On sait que la victime avait des fréquentations discutables. Et que quelque temps avant sa mort, il paraissait particulièrement nerveux, voire inquiet.

Il n'y a jamais eu d'investigations sérieuses dans d'autre direction que celle des aveux. »

Des choses troublantes ? Des coïncidences ? De curieux hasards ? Mais aussi d'énormes doutes, qui avaient amené la cour d'assises de la Haute-Garonne à relaxer cet accusé. « La vie est faite de coïncidences, observe Me Jean-Luc Forget. En ce qui me concerne, j'ai la conviction intime que Pereira est innocent. »

Un combat qui, pour lui, n'est donc pas terminé.

Publié le 05 octobre 2007 à 08h06 | Auteur : D. D.


Article paru dans "la dépêche du midi" du 05 octobre 2007:
Lien vers l'article sur LaDepeche.fr

Acquitté à Toulouse, il prend 18 ans à Montauban. Son avocat veut comprendre…
Polémique. Pereira : le verdict qui ne passe pas


Assommé. Tout autant que son client. Jean-Luc Forget ne se remet pas de ce verdict rendu le 8 juillet 2007 par la cour d'assises de Tarn-et-Garonne. 18 ans de réclusion pour José Pereira. Qui avait été acquitté deux ans plus tôt par la cour d'assises de la Haute-Garonne.« Juridiquement et humainement, qu'est-on en train de faire ? » s'interroge l'avocat.

L'affaire elle-même laisse planer beaucoup de zones d'ombres, de coïncidences, de contradictions, qui avaient logiquement bénéficié à l'accusé en première instance (lire ci-dessous).

« Mais j'ai le sentiment, explique Jean-Luc Forget, qu'un acquittement est une sorte d'échec pour les magistrats et policiers qui tiennent un coupable et à qui le jury populaire dit, finalement, vous vous êtes trompés. C'est pour cela que le parquet de Toulouse a fait appel. Ce n'est plus le procès de la vérité, mais l'institution qui cherche à se justifier. »

Et l'avocat de pointer tout ce qui a « plombé » son client. Tout d'abord, c'est le même avocat général que l'on retrouve d'abord à Toulouse, ensuite à Montauban. « Ensuite le verdict a été rendu dans la nuit du samedi au dimanche, à 2 h 10 alors que la veille, on avait entendu les experts jusqu'à une heure du matin et que certains témoins n'ont pas été ré entendus... Comment voulez-vous rendre une bonne justice dans ces conditions ? » demande Jean-Luc Forget. Qui, pour toutes ces raisons, a décidé de se pourvoir en cassation. Et d'attirer l'attention sur les pièges que peut comporter ce nouveau système des appels en matière criminelle sur des acquittements.

De son côté, en prison, le condamné José Pereira ne cesse de clamer son innocence. Une association d'amis a réuni près de 150 personnes, samedi dernier à Labarthe-sur-Lèze. Et tente de le soutenir du mieux qu'elle peut, au bord de cette oubliette béante.
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Un affaire digne d'un thriller...
L'affaire est complexe, mystérieuse, bizarre… À tel point qu'on la dirait tout droit sortie d'une série policière pour la télé, où l'enquêteur doit surmonter faux semblants et chausse-trappes pour deviner la vérité.

Ainsi, le 5 septembre 2000, on arrête José Pereira. Il est soupçonné d'avoir tué l'amant de sa femme. D'ailleurs, il s'est rendu sur les lieux du meurtre et on retrouve sur lui un couteau. Il avoue. C'est lui. Tout parait totalement limpide. Seulement voilà : très vite le scénario se lézarde… Dès son incarcération, Pereira revient sur ses aveux. « Ce n'est pas moi, je paye pour un autre », assure-t-il à son avocat.

Mais alors, pourquoi a-t-il avoué ? Il explique qu'il faut se replonger dans le contexte de la garde à vue. Les policiers l'interrogent sur le thème : « Si ce n'est pas toi qui l'as tué, qui c'est ? » Pereira est alors en pleine dépression à cause du départ de sa compagne. Il l'aime encore. Et il craint qu'elle ne soit accusée. Il finit par dire : « Si vous voulez que ce soit moi, marquez que c'est moi… » Ce qui sera retranscrit sur le PV : « Je suis l'auteur des faits… »

Deuxième hic : lors de la reconstitution ; les enquêteurs constateront eux-mêmes les contradictions entre les constatations et ses aveux. Ainsi, il dit avoir porté huit coups de couteau alors que l'autopsie en dénombre une vingtaine… On peut supposer que la victime, un solide gaillard, a pu vouloir se débattre ou se défendre pendant l'agression. Or, il n'y a pas la moindre goutte de sang sur Pereira. Qui, examiné par un médecin, ne présente ni bleu, ni coup, ni même la moindre griffure. Enfin, le fameux couteau ne porte aucune trace de sang… Pereira explique qu'il a bien vu la victime le jour du meurtre, mais qu'elle était déjà morte… Mais la mécanique judiciaire a la religion des aveux. Et les rétractations de Pereira ont été prises avec des pincettes.

« Du coup, tout un pan de l'enquête a été négligé, estime Jean-Luc Forget. On sait que la victime avait des fréquentations discutables. Et que quelque temps avant sa mort, il paraissait particulièrement nerveux, voire inquiet.

Il n'y a jamais eu d'investigations sérieuses dans d'autre direction que celle des aveux. »

Des choses troublantes ? Des coïncidences ? De curieux hasards ? Mais aussi d'énormes doutes, qui avaient amené la cour d'assises de la Haute-Garonne à relaxer cet accusé. « La vie est faite de coïncidences, observe Me Jean-Luc Forget. En ce qui me concerne, j'ai la conviction intime que Pereira est innocent. »

Un combat qui, pour lui, n'est donc pas terminé.

Publié le 05 octobre 2007 à 08h06 | Auteur : D. D.
ymasse 05 October 2007 7,215 0 commentaire

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